L’exode vers les villes vide les villages corses. Ce phénomène est commun a bien des provinces françaises et progresse entrainé dans un cercle vicieux : dépeuplement, fermeture des écoles, disparition des services, départ des dernières familles Pour ceux qui vivent et travaillent en Corse, l’insularité ne permet pas un grand éloignement, la petite taille de l’île permet des retours fréquents vers le village « natal »Plus personne n’y est né depuis longtemps, certes, mais il reste le berceau de la famille. Car le lien est aussi là, dans cette relation étroite entre la famille et le village.
Plus qu’un lieu d’habitation le village était autrefois un monde à part entière. Il abritait la communauté et en organisait la vie économique et sociale. Le manque de moyen de transport obligeait une entre-aide. Elevage, agriculture, mais aussi éducation des enfants, transmission des savoirs, mariages corses traditionnels, etc.. Tout ce faisait, autant que possible, dans un univers restreint, qui se résumait souvent à une seule vallée. De ce fait, les habitants d’une même communauté finissaient par être presque tous apparentés par le sang ou par alliance. Un arrangement bien commode pour éviter de voir les richesses divisées ou abandonnées.
On n’oublie pas les fameuses « vendetta » qui ont décimé des familles entières. Dans les massacres organisés qu’elles ont générés, on observe, des alliances d’une telle force, que le conflit s’étendait souvent aux familles parentes et alliées de celle qui était touchée par la « Vendetta »
Travail collectif quand il était nécessaire, répartition des terres et choix des jachères, le village permettait à la communauté de gérer son destin et de compter sur l’aide des autres villageois.
Le dépeuplement, vers les villes prometteuses d’emploi est venu à bout de l’équilibre qui régissait les villages. Les biens sont souvent restés dans une même famille et malgré les mauvais côtés de la loi Miot, l’indivision a permit à beaucoup de corse de se sentir encore chez eux au village. Quand un Corse rencontre un autre Corse, la première question est souvent « Corse soit, mais de quel village ? » Et là commence l’analyse des filiations et amitiés qui vont neuf fois sur dix permettre de trouver un lien commun.
Chaque vendredi soir, les villes perdent une bonne partie de leurs habitants, les corses vont passer le week-end end dans leur village. Ajaccio, Bastia sont des villes mortes le dimanche. Et dans les villages les volets s’ouvrent le temps d’un week-end.
Pour les Corses de l’extérieur de l’île, tout est plus compliqué, bateau ou avion à réserver, plus le coût élevé du transport, mais les difficultés ne parviennent pas à couper définitivement le cordon et à supprimer ces retours au pays.
L’attachement des Corses pour leur terre et leurs origines est une raison de les aimer.