Quand on connaît le caractère « bien trempé » du peuple corse et la fréquence des « vendetta » d’autrefois où se réglaient les conflits et rivalités entre voisins, famille, on imagine sans peine l’ambiance des périodes électorales…. Car, autrefois, les candidats n’avaient pas recours aux médias, aux affiches publicitaires, aux programmes écrits déposés dans les boîtes aux lettres, pour convaincre les électeurs de leur bonne foi. Tout passait par les réunions sur les places du village, dans les cafés…. Chaque candidat usait de sa verve pour ridiculiser l’autre et vanter son programme.
Après sa victoire, et on peut s’apercevoir que la tradition persiste dans certains coins de l’île, le vainqueur et son comité de soutien, devaient planter un mât prés de sa maison. Comme pour ceux des navires, on partait chercher sur les hauteurs un pin laricio fin, robuste et altier. Mais la tradition ne s’arrêtait pas là. Qu’il ait remporté la mairie ou le conseil régional; le vainqueur se devait d’organiser une fête à la mesure de son honneur. Parfois un mât ne suffisait pas ; la maison se trouvait décorée de plusieurs mâts plus beaux et plus hauts les uns que les autres. Le festin devait regrouper autour de gigantesques tablées, tous les villageois des alentours qui avaient contribué à l’élection de leur candidat. Le nombre de jambons et de tonneaux de bon vin laissait prévoir la durée interminable de ces réjouissances, parfois 2 jours et 2 nuits sans interruption!!! La charcuterie, accompagnée de beignets et de migliacci, spécialité corse réservée exclusivement à la fête des élections, étaient dégustés ces jours là.
Pour cette fête comme pour toutes les autres festivités traditionnelles, les chants corses improvisés, rythmaient les danses et sketch glorifiant le héros, ridiculisant le malheureux perdant.