Fête religieuse du Vendredi Saint à Sartène:
Chaque année nos chaînes de télévision nous transmettent des images de différents coins du monde, nous montrant des « pénitents » portant la Croix ou subissant des mortifications pour s’associer à la Passion du Christ.
Mais pourtant en Corse aussi, nous pouvons assister à cette tradition importée d’Espagne par les occupants Aragonais, fondateurs de la ville de Sartène en 1419. A Bonifacio et à Calvi, la semaine sainte voit se perpétuer également cette tradition des processions conduites par diverses confréries.
C’est à Sartène que l’on peut assister à la présence authentique d’un « pénitent », tenaillé par le désir de libérer sa conscience du poids d’un pêché, voir d’un crime. Le « Catenacciu » (Enchaîné » en langue corse) va souffrir réellement la Passion, de façon dramatique.
A Sartène comme dans toute la Corse, on parle encore du dernier bandit (Rocchini) à avoir été condamné à mort à Sartène en 1888. Après l’avoir capturé, les gendarmes lui auraient laissé accomplir sa procession rédemptrice. De nos jours, on respecte l’anonymat; il paraît que les demandes des pénitents est complet pour de nombreuses années.
Le « pénitent » aura parfois attendu plusieurs années pour obtenir le droit de se mortifier publiquement, dans la nuit du Vendredi Saint. Son âge varie entre 20 et 60 ans. Il devra se retirer au couvent Saint Damien dés le mercredi soir pour prier et méditer avec ferveur jusqu’au départ de la procession.
Malgré la présence des médias et de nombreux touristes venus se mêler à la population, l’émotion ressentie par le « pénitent » et les participants revêt tout le poids mystique de cette procession. Vêtu de rouge, le visage dissimulé sous une cagoule laissant juste apparaître ses yeux, il gardera son identité cachée jusqu’au bout. Comment ne pas rester insensible lorsqu’on voit le « Catenacciu », les pieds ensanglantés, ployant sous le poids de la lourde croix de chêne (3,43m de long, 2,70m d’envergure et 31,5Kg), la lourde chaîne de fer attachée à sa cheville droite, meurtrie par ce long chemin parcouru. C’est un poids de 15 Kg qu’il faudra traîner tout au long des marches accidentées de ce parcours…. Ce chemin de Croix veut rappeler celui que le Christ a dû parcourir à Jérusalem.
Le départ a lieu vers 21H30 à l’Eglise Sainte Marie. Elle figure le lieu où Pilate devra juger Jésus. Il tombera pour la première fois sous le poids de la Croix, les chaînes entravant sa marche, les pieds meurtris, devant l’Eglise Sainte Anne, premier sanctuaire du parcours. Les habitants de Sartène allument des bougies aux rebords des fenêtres. Le « pénitent » tombera pour la deuxième fois devant l’Eglise Sainte Marie. C’est à ce moment là qu’un pénitent blanc, représentant Simon de Cyrène, interviendra pour aider et soulager le Catenacciù. La 3ème chute aura lieu au Sanctuaire Sainte Claire.
Une halte devant la statue de la Vierge en deuil, pleurant son fils mort, aura lieu à l’intérieur de l’Eglise Saint Sébastien, cette église figurant le Golgotha. Le parcours, d’environ 2 Km se terminera à l’Eglise Paroissiale.
La foule des Chrétiens recueillie, prie, chante, écoute l’Evangile et le sermon. L’appel répétitif » Perdono, mio Dio, Perdono Piéta » sera repris plusieurs fois en choeur par tous les Corses, à la façon si émouvante des chants Polyphoniques. Ce n’est qu’à ce moment que le « pénitent » entrera dans l’église, déposera sa croix sur le maître-autel et se recueillera, entouré de tous les autres pénitents. Ceux-ci, au nombre de 8, pieds nus aussi, sont habillés de noir, ceinturés de pourpre, la cagoule ne laissant apparaître que les yeux. Leur mission consiste à porter à tour de rôle le Christ mort qui reposera sur son linceul. C’est une statue de bois trés lourde, d’un réalisme saisissant, qui est détachée chaque année de sa croix pour cette cérémonie. Elle sera ensuite exposée dans le chœur de l’église après la procession. Chaque fidèle viendra, dans une atmosphère respectueuse émouvante, déposer un baiser sur ce Christ ou bien s’inclinera en signe de respect. Les chaînes et la Croix resteront accrochées derrière la porte du Sanctuaire et verront se recueillir toute l’année, les chrétiens du village ou de passage.
Tard dans la nuit, après la procession, le « Catenacciù » regagnera incognito son domicile: village, maquis, bergerie?….
Si vous êtes en vacances en Corse aux alentours des fêtes de Pâques, ne manquez pas de venir vous fondre dans cette foule pieuse et recueillie pour vivre véritablement ce moment exceptionnel et émouvant à Sartène.
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