Dans l’univers mystérieux et magique de l’île, le corail rouge sang, échevelé et imprévisible, ne pouvait que fasciner. Rare et précieux, animal, végétal et minérale, il était prédisposé à devenir le support de croyances étranges liées à son origine mythique. Son apparence tentaculaire rappelle celle de certains monstres qui peuplent la mythologie.
Hybride, rare et mystérieux, le corail fascine depuis toujours il dépend d’un écosystème très délicat. Seuls quelques pêcheurs professionnels sont autorisés à l’extraire des fonds corses.
Mythologie grecque, la beauté de la matière justifie à elle seule son utilisation ancestrale sous forme de bijou. Pourtant l’intérêt esthétique du corail est largement complété par un certain nombre de croyances. Pouvoir médicaux, vertus protectrices… le corail matière mythique, est depuis toujours recherché pour ses qualité magico-religieuses. Le corail est cher au monde méditerranéen parce qu’il le croit capable de repousser le « mauvais œil » Ce mauvais œil qui atteint souvent les personnes que l’on félicite le plus, tels les bébés ou les jeunes mariés. Pour protéger les plus fragiles, les jeunes enfants, on les munissait, avant même leur baptême, d’une main qui fait les cornes, d’une branche ou d’une corne de corail. Très répandu dans tout le bassin méditerranéen, ce type de bijou est considéré comme une excellente amulette. Il a en effet la particularité de réunir, en un seul objet, plusieurs symboles de protection.
Le corail par son origine quasi divine, atteint des sommets en matière de protection et de symbolique. Puis viennent la main et la corne, toutes deux liées à la protection car supposées capables de repousser le danger. La branche, quant à elle, par son aspect rude et pointu, rejoint la symbolique de la corne : la couleur rouge, celle du sang et de la vie, oppose toute sa force au danger de mort lié au mauvais œil. Bien que peu catholique, ce bijou est souvent présent autour du cou de l’enfant Jésus en Corse. De nos jours, le corail est toujours apprécié. Sans doute parce que « mieux vaut prévenir que guérir » la fameuse main reste en tête des ventes. Malgré le regard parfois désapprobateur des curés, elle pend gaiement à la fine chaine en or au côté de la vierge, d’un saint ou d’une croix. Après tout si elle ne fait peut être pas de bien, elle ne semble pas faire du mal . Au musée Fesch à Ajaccio, on peut voir l’enfant Jésus paré d’un collier de corail : la Maesta de Cosme Tura.
La main de corail est un motif protecteur du mauvais œil. On munissait les jeunes enfants d’un tel bijou avant même de les baptiser. Vous en trouverez dans presque toutes les bijouteries en Corse. Cette récolte de plus en plus intensive pourrait conduire rapidement à l’extinction de cette espèce endémique de la Méditerranée : il est victime des techniques de plongée plus performantes utilisées par les corailleurs, et de la lenteur de sa croissance et reproduction, bien inférieures au rythme effréné de la récolte, qui se fait aussi de manière illicite dans les aires marines protégées du fait du prix de revente. Des plongées à haut risque respectant l’environnement permettent une production artisanale des plus belles branches de corail rouge vif dit « sang de bœuf ». La beauté du corail dépend de la violence des courants marins qui baignent les massifs de coraux. Or les courants des Bouches de Bonifacio sont très violents.
La légende du corail:
« Dans la mythologie grecque, existaient trois sœurs, les gorgones.
Deux d’entre elles étaient des monstres et l’une était très belle, Méduse. On disait d’elle que ses yeux bleus avaient la clarté d’un lac et que ses cheveux blonds rappelaient les champs de blé. Poséidon tomba amoureux de Méduse et l’entraîna une nuit dans le temple d’Athéna. La déesse offensée métamorphosa Méduse en un monstre dont les traits furent ceux d’une très vieille dame, sa belle chevelure devint des serpents hideux et son regard devenu terne transformerait en pierre quiconque la regarderait. Le jeune Dieu Persée décida d’aller tuer Méduse qui s’était réfugiée dans une île lointaine. Athéna lui confia son bouclier de bronze poli, brillant comme un miroir pour apercevoir Méduse, en reflet, sans la regarder en face. Hermès lui remit une serpe tranchante et une besace de cuir. Le jeune Persée se procura le casque d’Hadès qui rendait invincible ainsi que ses sandales ailées. Grâce à l’aide des Dieux, Persée réussit à approcher la Méduse qui vivait dans une grotte. Ses mains saisirent les serpents qui remplaçaient ses cheveux et d’un coup de serpe, il lui trancha la tête. De la tête de Méduse décapitée jaillirent Pégase, le cheval ailé et Chrysaor, le guerrier à l’épée d’or, tous deux enfants de Poséidon. La légende raconte que du sang qui s’écoula de la tête de Méduse et se répandit dans la mer, naquit le corail.
Du paléolithique aux indiens d’Amérique, Africains, Chinois, Tibetains… et en revenant aux sources de Mare Nostrum tous les peuples latins ont adulé le corail rouge.
De tous temps, sur tous les continents, le corail sert d’ornement au genre humain, de médecine si l’on en croit Molière, de monnaie d’échange ou de talisman et de porte bonheur comme en Corse ou on le dépose encore aujourd’hui dans le berceau des nouveaux nés.
» Unique, il porte en lui le magnétisme de la pierre précieuse et le Mystère de la mer. Celui qui touche au corail est pris par le charme. » Geneviève Peres »
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