Quitter son île alors que les vacances corse commencent. et que les premiers touristes arrivent sur l’île, c’est un peu comme si on nous disait « partir pour le pôle nord ».La quitter en mars, alors que la météo annonce des écarts de température énormes entre la Corse et le Continent (25 à Bastia ce jour là, 4 à Lyon le même jour!!!!), c’est encore un peu plus difficile.
Et lorsque ceux qui vous attendent avec impatience (comme si notre simple présence allait aussitôt les irradier du soleil de notre île…), vous conseillent de bien vous couvrir, alors là …. C’est le petit conseil qui vous oblige vraiment à « freiner des 4 fers » et à retarder la date du départ. Nous, pour les taquiner, on leur répond immanquablement : « C’est quoi un pull ?, c’est quoi un manteau ? »
Si on vous confie que nous vivons en Balagne, à Monticello, cette région qui fait « craquer » tous les touristes qui viennent sur l’Île de Beauté, vous comprendrez sans peine pourquoi nous n’avions pas envie de partir…. Sachez aussi que nous emmenions avec nous un grand ado…. Comment allait-il tenir le coup au milieu de ces « tamalous », sans copains, sans ordi ?…..
Ce n’est pas pour nous trouver encore des excuses ou pour remuer le couteau dans la plaie des amoureux de notre île, mais imaginez un peu la chance que nous avons de vivre en Corse. C’est un peu comme si toutes les régions de France s’étaient donné rendez-vous sur ce petit bout de terre pour nous offrir toutes les merveilles de la création : la montagne, la neige aussi l’hiver, une mer digne des camaïeux des îles du Pacifique ou de l’Océan Indien, des plages idylliques, une flore et une faune magnifique, des senteurs uniques…… Quelques km suffisent pour accéder à toutes les activités sportives imaginables : canyoning, randonnées pédestres ou équestres, parapente, saut en parachute, plongée sous-marine, golf ….. Toutes les régions nous offrent un panel de richesses culturelles, artisanales qui vous font retourner aux sources, à l’histoire et aux coutumes du peuple corse. Selon nos moyens personnels, on peut choisir de loger, au cours de ces escapades, dans une simple bergerie, dans une chambre d’hôte, dans un gîte familial, dans un de ces nombreux campings qui fleurissent partout harmonieusement sur les côtes de l’île ou encore dans une de ces nombreuses Résidences de Vacances ou Hotel de luxe Corse …..
Nous avons TOUT, nous reconnaissons que nous sommes des enfants gâtés, mais voilà, quand l’appel de la famille se fait entendre, il faut répondre à l’invitation.
C’est ainsi, que malgré tout, nous avons bien pris le bateau.
Même les éléments s’y sont mis : la tempête a fait rage le jour du départ, comme si, elle aussi, ne voyait pas d’un bon œil ce départ. Le voyage commençait mal…. Embarquement obligatoire à Bastia alors qu’il était prévu que nous partions de l’Île Rousse (j’avais même déboursé 60 euros de plus pour cela). Personnellement, je n’avais pas quitté la Corse depuis 8 ans, aussi, partir, ne serait-ce qu’une petite semaine, représentait pour moi une véritable expédition. Partir en pleine tempête, alors là, c’était trop !!!! Mais oh miracle !!!! En mer, nous n’avons rien senti et même dormi comme des bébés. Le trajet, Marseille-Lyon nous a paru relativement court et là, dans ce petit village de campagne où nous accueillait notre famille, la douceur et la chaleur ont fini par vaincre tous nos « à priori » et nos appréhensions.
Nous avons pu découvrir avec ravissement un de ces nombreux villages de l’Ouest Lyonnais « Le pays des Pierres Dorées ». Les maisons bâties de pierres de pays, jaunes, orangées même selon la lumière du ciel, apportent une atmosphère particulière. Malgré la grisaille de l’hiver ou les brumes automnales, vous aurez toujours l’impression de baigner dans une luminosité qui ravit les yeux et réchauffe les âmes. Ici, les habitants, tout en étant très proches de Lyon, et malgré la présence de nombreux commerces de proximité, peuvent vivre « en autarcie » s’ils le souhaitent. En effet, de nombreuses fermes leur permettent de se fournir en produits du terroir. Dans le village de notre famille, par exemple, la ferme voisine élève des chèvres et produit ses fromages. C’est un véritable spectacle de voir les chèvres descendre à la queue leu leu et s’éparpiller dans les prés sous l’oeil autoritaire des chiens de berger. Les ânes viennent à la clôture mendier caresses et pain dur, volailles et cochons aussi sont en liberté autour de la ferme. Les chevriers possèdent leur atelier et vous permettent de consommer des viandes et de la charcuterie de qualité. Tous les animaux vivent, en plus de céréales bio, des restes de l’auberge. Le jeune propriétaire confectionne de succulents menus à partir des produits de la ferme et des producteurs locaux voisins. Sa femme vous régale de toute une panoplie de fromages de chèvre et participe activement à toute formation sur les techniques nouvelles liées à la production Bio et au respect de l’environnement. Tous ces jeunes exploitants ne comptent pas leurs heures de travail, passionnés et heureux d’offrir à leur clientèle des produits de qualité. Les producteurs de fruits et légumes voisins, travaillent les produits de saison, avec la même énergie, le même respect de l’environnement, la même passion.
La sérénité et la paix qui règnent dans ce cadre où nous avons vécu pendant une semaine a contribué aussi à nous faire changer d’avis sur ce continent que nous redoutions.
Tout un écrin de verdure abrite cette maison lumineuse : fenêtres, portes-fenêtres, velux partout et surtout aucun rideau: ils risqueraient de nous couper de la nature verdoyante omniprésente. C’est un peu comme si nous vivions dans un parc.
Comme nos hôtes savaient que nous arrivions en traînant les pattes, ils avaient espéré si fort le soleil que celui-ci, accompagné d’une douceur printanière, nous ont fait l’honneur de s’inviter aussi. Toute la semaine nous avons pu apprécier cette harmonie, cette paix et cette nature généreuse, allongés sur des chaises longues, nous réchauffant au soleil et refaisant le monde….
Laissez-moi-vous dire aussi : le top du top !!!! Un casino, là, tout près du village…. Nous y avons passé une petite heure, histoire de défier un peu la chance, espérant quelque gain providentiel, sans trop se prendre au sérieux, juste ce qu’il faut pour faire monter un peu l’adrénaline, faire battre le cœur, « pour le Fun » comment disent les jeunes et vivre dans la peau de Bond dans Casino Royal.
Retour à la maison sans gain mais sans laisser des plumes non plus, avec la joie d’avoir vécu une expérience particulière.
On avait apporté de la charcuterie corse, des fromages corses, des canistrellis, des citrons parfumés de notre jardin. Nous sommes repartis avec des fromages de chèvre, du jus de pommes et des confitures maison en nous disant que finalement, on aurait bien dû rester une semaine supplémentaire !!!
Et notre ado dans tout cela ? Loin de s’isoler dans sa chambre, il paraissait heureux de partager nos parties de yams ou de boules « Les corses contre les lyonnais » bien entendu, nos fous-rires et notre joie d’être ensemble, ne cachant pas toutefois sa « compassion » mêlée de moquerie devant nos attitudes de grands gamins.
Nos manteaux sont restés dans la valise….. Est-ce qu’on reviendra ? Oui, bien entendu, mais…..pas tout de suite. Les beaux jours arrivent et notre île se pare, comme une mariée qui se fait désirer, de tous ses artifices pour nous redire que le Paradis existe, il est en Corse et nous sommes les plus chanceux du monde !!!!
De retour sur notre île, après cette agréable semaine tout compte fait bien trop courte. J’en profite pour faire quelques photos de notre arrivée sur Bastia en attendant les prochaines vacances corse.