Il n’est pas si loin le temps de la vendetta. Si chacun sait que le terme veut dire vengeance et que celle-ci s’exprimait généralement dans le sang, on ignore souvent qu’il ne s’agissait pas d’un choix, mais d’une obligation, d’un respect de règles tacites, mais néanmoins implacables.
Ancrée dans un passé très lointain, la « vendetta » (Au départ, la vendetta, n’était pas le banditisme. Supportée par des vraies valeurs, s’exerçant suivant un code de l’honneur, elle était justifiée principalement par les quatre situations suivantes: Quand une femme a été déshonorée, quand une promesse ou un engagement ont été rompus, quand un proche parent a été assassiné, quand un proche parent a été condamné par les tribunaux à la suite d’un faux témoignage). Elle n’a jamais été une vengeance aveugle, elle était un véritable régulateur des tensions et des conflits qui peuvent exister dans une communauté. Chacun était conscient que tout acte portant atteinte à l’honneur d’un autre clan, d’une autre famille, serait puni par la mort et cela suffisait parfois à maintenir l’ordre. On évitait de susciter les jalousies en restant discret, on respectait les femmes, les terres, les animaux domestiques, les récoltes… Tant que chacun tenait son rang tout en restant à sa place, la communauté coulait des jours heureux. Et là, que la cause soit bonne ou mauvaise, il fallait que chacun défende son clan.
Longtemps la vie du bandit d’honneur est particulière en Corse. Ils sont soutenues par la population qui sait bien que ce ne sont pas de dangereux, mais de pauvres garçons à qui incombait le devoir d’accomplir la « vendetta ».Ils sont nourris, prévenus de l’arrivée des gendarmes et cachés lorsqu’il le faut par toutes les familles alliées à la leur, ce qui leur permet sort pourtant déjà tracé.
Le maquis est abri idéal pour se cacher, particulièrement des gendarmes, rarement corses, qui y perdent vite leurs repères. Plus tard, les bandits seront quelque peu « récupérés » et utilisés comme des mercenaires par des personnages peu scrupuleux, hommes de main à la solde de tel ou tel parti. De ce fait, la disparition des derniers bandits a été vécue avec soulagement surtout lorsqu’il s’agissait de personnages ambigus et violents.
Yvan Colonna s’est enfui dans le maquis corse pendant 4 ans avant d’être arrêté en 2002. Paul Santoni y est resté caché 14 ans; son corps fut ramené à sa famille en juin 2007.
La deuxième guerre mondiale a, bien malgré elle, rendu ses lettres de noblesse au maquis en y hébergement la résistance, particulièrement active dans l’île. Ici plus qu’ailleurs le terme maquis était approprié et ce sont bien les sentiers invisibles et tortueux, la végétation dense et la difficulté d’orientation qui ont découragé l’occupant allemand comme italien à s’aventurer trop loin.
Excellente cachette pour les armes, le maquis n’a pas toujours sauvé les résistants corses qui devaient régulièrement le quitter, mais il a sans doute, a sa manière contribué à ce que la Corse soit le premier département libéré.
Quoiqu’il en soit, paradis des plantes, des animaux, des randonneurs et des fugitifs, pharmacie à ciel ouvert de l’île, malgré ses dangers ou grâce à ses dangers, le maquis reste et demeura longtemps l’un des trésors de la Corse.
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