La langue Corse :
En écoutant parler les insulaires au début, on peut être surpris, parfois même, on ne comprend pas tout….. Faîtes l’expérience, demandez votre chemin à un Corse : vous avez beau être attentif vous allez entendre par exemple : La Scand, Bonifach, Galèr, Corbar, Montichel, San Anton, Ayatch, Murett? La Castanitch….. Vous entendrez parler du fils Pinell, Franchesch, ou de Doumé pour Dominique…. Vous devinerez assez vite : les Corses ne prononcent pas la fin des mots. C’est comme si, cette nonchalance sereine qui émane de leur personne les habitait jusque dans ce souffle qui va sortir de leur bouche pour s’exprimer. Un souffle juste suffisant…. pour prononcer sur l’expiration 1 ou 2 syllabes, pas plus….. Plus de souffle pour sortir le LI, le RA, ou un LO…. Cette façon typiquement Corse de prononcer est d’un charme irrésistible. Elle ajoute, pour nos oreilles, ce que la beauté des paysages offre à nos yeux et l’odeur des fleurs du maquis à notre plaisir olfactif!!! Mais quel bonheur d’entendre, dés notre arrivée, cette originalité de la langue !!! On se dit « cette fois ça y est je suis bien arrivée en vacances «Cette remarque reste tout à fait personnelle. Parlons plus sérieusement de l’originalité de la langue Corse.
» Comme tout dialecte resté exclusivement parlé, cette originalité réside dans sa diversité. Il est difficile de la codifier. D’origine Latine, la langue Corse a subi l’influence du Toscan, à un moindre degré, du génois, et enfin, à partir de 1840,celle du Français. Mais le trait le plus probant d’une authenticité Corse que personne ne songe à nier ou à minimiser : le Corse est une langue bien vivante. Le Français utilisé par les insulaires est parfait, parfois un littéraire et châtié entre eux , en famille. Mais ils sont nombreux , dans les villages surtout, à la campagne, à parler Corse comme leurs ancêtres. Habitude chez les anciens, volonté d’affirmer une identité chez les jeunes de peur qu’elle ne disparaisse. On ne rentrera pas dans la polémique : Corse, langue ou dialecte? Citons simplement quelques noms de lieux pour illustrer cette originalité.
Les noms de lieu ont été transcrits au XVIII ème siècle et ne traduisent pas la prononciation locale. Ainsi Corte,Bonifacio, Sartène, Porto Vecchio se prononcent Corti, Bonifaziu, Sarté, Porti-Vechju. La signification de ces noms révèle leur origine.
AJACCIO vient peut-être du bas latin : Adjacium, « lieu de repos » ou » parc à brebis »
BASTIA : « Bastille »(fondée par les Gênois en 1380)
BONIFACIO : nom du comte toscan, fondateur de la ville ; les autres noms de lieu similaires viendraient du latin » bonum factum, qui indique une amélioration du patrimoine foncier
CORTE du latin « cohors, cohorte », d’où le sens de « place forte » et même de « domaine rural »
PORTO – VECCHIO : « vieux port ».
SARTENE : « Sart-t », racine prélatine désignant un hérissement de rochers.
L’origine des noms de quelques lieux-dits rappelle la présence romaine :
ALZETU : aulne, CARPINETU : charme, CAMPU : champ, CHJOSU: enclos, DICEPPU : défrichement, FINAGHJU : pré de fauche, FRASSETU : frêne, GRANAGHJU : terre à blé, NOVALE : terre nouvellement semée, OLMETU : orme, SALICETU : saule
Quelques proverbes Corses, ainsi a-t-on coutume de dire…..
» Per cunosce una persona, bisogna manghjà cun ella somma di sale » (Pour connaître une personne, il faut manger beaucoup de sel avec elle.)
» U bisognu face calà u capu (Quand on est dans le besoin, on accepte les humiliations)
» Chi duie case tene, in una si piové (Qui se sert de deux maisons, il pleut dans l’une d’elle).
» I boi si liani pa i corra, l’omini si liani pa a parola ( les boeufs se lient par les cornes et les hommes par la parole).
» L’omi hannu piu mani che lingua, e donne piu lingua che mani (Les hommes agissent plus qu’ils ne parlent, les femmes bavardent plus qu’elles n’agissent).
» Matrimoniu sttembrinu, prestu vedevu o meschinu (Mariage en septembre, bientôt veuf ou malheureux).
» Ne per maghju, ne per maghjone un ti sascia u to ‘ pilone (En mai ne quitte pas ton manteau).
» Quandu u cavallu un vale beie, un vale a fischjà ( Quand le cheval ne veut pas boire, rien ne sert de siffler).
» A lavà u capu à l’asinu, si prede fatiga e sapone (A laver la tête de l’âne, on perd fatigue et savon).
« Ferraghju, ferraghjettu, cortu e maledettu ( Février, petit mois de février, court et maudit).
Une petite remarque pour nous les dames : nous avons bien noté les proverbes un peu « machistes » écrits sans aucun doute par ces messieurs mais nous ne ferons aucun commentaire…..Nous restons pleines de compassion pour ce « côté machiste » héritage typique de la culture méditerranéenne!!!!